Objectifs de recherche

Le projet COTERRA cherche à

identifier les verrous et les leviers pour favoriser l’autonomie collective et la transition agroécologique

Notre démarche s’appuie sur un constat partagé entre partenaires scientifiques et de la société civile qu’une transition agroécologique juste et durable gagne à être pensée et mise en œuvre à des échelles dépassant la ferme, notamment à l’échelle du paysage1 ou du territoire2.

Ainsi, nous définissions l’autonomie comme suit :

Les travaux en écologie du paysage ont montré que l’agroécologie repose sur la valorisation, au travers de pratiques agricoles, de processus écologiques et de services écosystémiques dont les dynamiques spatiales dépassent les frontières des exploitations3.

Par exemple, une gestion des infrastructures agroécologiques et des cultures à l’échelle du paysage est essentielle pour réguler les ravageurs de culture4,5, limiter l’érosion des sols6,7,8 et plus généralement pour optimiser la co-production des services écosystémiques et leurs interactions9.

Certains agronomes des territoires se sont également intéressés aux dynamiques d’autonomisation à l’échelle du territoire10,11,12, en particulier au travers des synergies entre agriculture et élevage s’appuyant sur l’échange de ressources13. Par exemple, l’achat-vente entre céréaliers et éleveurs permet de limiter les achats de grains et tourteaux pour l’alimentation animale tout en diversifiant les rotations, permettant en retour une plus grande autonomie d’intrants14,15.

Par ailleurs, des sociologues et politistes ont analysé les relations entre coopération et processus d’autonomisation qui s’appuient sur des échanges de ressources matérielles et de services dans les CUMAs16, ou sur la coproduction de connaissances et la construction de formes d’identités collectives17.

Une troisième dynamique d’autonomisation collective pour la transition agroécologique s’appuie sur les mouvements sociaux ou mouvements pour les communs. La plupart de ces mouvements agroécologiques, locaux ou internationaux, sont ancrés dans des luttes pour la souveraineté alimentaire, contre la libéralisation des marchés ou dans le contexte de disputes territoriales, pour revendiquer des terres abandonnées ou dégradées18. L’autonomie peut se développer au sein de ces mouvements de manière productive, par un co-apprentissage et une conscientisation19 qui participent à la construction collective de cadres discursifs mobilisateurs pour organiser des formes de résistance20.

Pour cela, COTERRA contribuera à :

  1. Avancer l’état des connaissances sur les relations entre autonomie, coopération et échanges, et transition agroécologique, au travers d’actions et de réflexions menées avec les agriculteurs et partenaires sur le terrain.
  2. Favoriser une meilleure prise en compte du rôle de la coopération dans l’autonomie et la transition agroécologique dans les politiques publiques.

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[13] Moraine et al. 2016. Ibid.

[14] Moraine et al., 2016. Ibid.

[15] Ryschawy, J., Moraine, M., Péquignot, M., & Martin, G. (2019). Trade-offs among individual and collective performances related to crop–livestock integration among farms: a case study in southwestern France. Organic Agriculture, 9(4), 399-416. DOI : 10.1007/s13165-018-0237-7

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